vendredi 25 novembre 2016

L'ANTI-CINEMA LETTRISTE

"Le cinéma performatif, l'anti-cinéma lettriste", conférence d’Érik Bullot le 29 novembre 2016 à 18h, au Cinéma Dynamo (centre d’art contemporain, Genève) 
PANORAMIQUE SUR LE CINEMA DE ROLAND SABATIER

de Anne-Catherine Caron
 
En relation avec le travail entrepris par Erik Bullot autour de l’anti-cinéma lettriste et des œuvres de Roland Sabatier, ainsi qu’avec une conférence que ce théoricien et artiste consacre à ces formes esthétiques le 29 novembre 2016 au Centre d’Art Contemporain de Genève, nous reproduisons ci-dessous un extrait de Panoramique sur quelques œuvres de l’anti-cinéma lettriste, d’Anne-Catherine Caron, publié en 2009, dans le catalogue de la manifestation L’Anti-cinéma lettriste 1952-2009 organisée à la Villa Cernigliaro de Sordevolo et dont Roland Sabatier, lui-même, et l’auteur de ce texte étaient les commissaires.
(…) « Les Preuves, de 1966, nous replonge dans l’au-delà de l’immobilisme, précisément dans la l’intra-mobilité de l’art infinitésimal. Ce cinéma imaginaire se présentifie ici par le biais d’une boîte de film fermée à partir de laquelle l’amateur comprend qu’il est seul à pouvoir concevoir tous les composants de la réalisation. Le paradoxe de cette œuvre qui n’existe pas tient au fait qu’elle est censée, au seul énoncé de son titre, nous donner la preuve de son existence. La pellicule, sans doute placée à l’intérieur, étant vouée à ne jamais être dévoilée. En tant que telle, elle est l’un des points extrêmes de l’aboutissement du cinéma et le comble de la beauté absolue auquel cet art pouvait accéder. Ce cinéaste du vide dit aussi qu’il chérit les idées simples, limpides et explicites, sans ambages, qui n’accumulent pas trop de concepts différents. Ici, il parvient au chef-d’œuvre sans fatiguer le spectateur. Sans référence avec le sous-titre de la dernière partie du Traité de Bave, auquel il fait penser, le titre donné à ce film a été dicté à l’auteur par le « désir de montrer ce qui demeure lorsque, justement, il n’existe plus rien. » Cette preuve est celle, encore tangible, d’une irréalité qui se réalise uniquement dans les méandres du cerveau des spectateurs. En possession du collectionneur Éric Fabre, l’original de cette œuvre n’ayant pu être présenté, nous avons fait figurer à sa place une réplique que l’auteur a réalisée en 2005 qui restitue à l’identique toutes les caractéristiques de la version initiale. De même, à des dates différentes, le réalisateur a conçu diverses versions originales de Les Preuves, notamment en chinois, en russe, en allemand, en italien, et une version espagnole qui figure dans la collection du MacBa de Barcelone. " (...) 

Légende :  Roland Sabatier, "Le Film (n') plus (qu') un souvenir, 1975, Installation à Garage Cosmos, Bruxelles, 2015.
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