DONATION MIRELLA BENTIVOGLIO ET FEMMES LETTRISTES
Légendes de haut en bas : Micheline Hachette, Poème cubiste, 1966 (cat.103), reproduit dans Poesia visiva - La Donazione di Mirella Bentivoglio al Mart, Museo d'Arte Moderna et Contemporanea di Rovereto (Italie), p.111.
Anne-Catherine Caron, Partie de roman à équarrir, 1978 (cat.30) ibid. Ces oeuvres sont actuellement en exposition au Mart de Rovereto jusqu'au 22 janvier 2012.
Ce mérite est également dévolu à Mirella Bentivoglio qui, depuis plus de quarante ans, lutte pour la reconnaissance des femmes dans les arts visuels et n’hésite pas à faire figurer plusieurs femmes lettristes à l’occasion des expositions qu’elle organise avec un acharnement rigoureux qui la caractérise si bien. Là où bien souvent les compagnons lettristes hommes sont oblitérés au bénéfice de gens connus et non point célèbres, destinés aux poubelles de l’histoire, comme se plaisait à l’affirmer Isou, Mirella Bentivoglio trouve le courage d’approfondir son terrain de prédilection. Ceci se concrétisera, en 1978, par l’invitation de Micheline Hachette, - la première personnalité féminine émergeant réellement dans le groupe avec une œuvre cohérente et constamment bâtie depuis son entrée en 1964 et jusqu’à sa brutale disparition en 1993 - dans le cadre de « Materializzazione del linguagio », figurant comme section autonome des artistes femmes du monde entier à la Biennale de Venise de cette même année.
C’est ainsi que dans l’article I Segni del femminile, Poesia visiva, Musée d’Art Moderne et Contemporain de Rovereto (Italie) Silvana Editoriale, Milano, 2011 qu’elle signe dans le catalogue de l’exposition de La Donazione di Mirella Bentivoglio al Mart, cette artiste, collectionneuse et commissaire hors pair, très précisément en raison de sa qualité première de praticienne privilégiée relève, d’une part, l’antériorité de Micheline Hachette sur nombre de ses collègues masculins de la poésie visuelle et, d’autre part, insiste sur ses visées en mentionnant le fait que sa collection introduit les avant-gardes historiques (c’est-à-dire les femmes futuristes), mais également l’avant-garde contemporaine à travers les femmes du groupe lettriste.
À titre personnel, je suis reconnaissante à Mirella Bentivoglio d’avoir choisi de faire figurer une œuvre caractéristique de mon travail, dans la mesure où il s’agit de Partie de Roman à équarrir », de 1978, réalisée à partir d’épreuves de Roman à Equarrir, de la même année, fondateur de ma démarche dans l’école à laquelle j’ai adhéré dès 1972, notamment en raison de mon émerveillement relatif à la découverte des possibilités incommensurables d’écritures de véritables nouveaux romans à base hypergraphique, infinitésimale, supertemporelle ou, plus tard, excoordiste.
Je me souviens avec une allègre jubilation intellectuelle de la présence de Mirella Bentivoglio qui, en 1985, rayonnait au festival de Milano Poesia avec ses propres œuvres qui côtoyaient celles des stars des arts phonétiques de l’époque comme Vostel ou Julien Blain et surtout, Isou et ses camarades du groupe lettriste, comme Roland Sabatier ou moi-même, sans compter les cinéastes représentés dans le cadre d’un festival de films lettristes qui complétait avec bonheur cette manifestation marquante du milieu des années 80.
Lors du vernissage de la Donation Bentivoglio organisé au Musée d’Art Moderne et Contemporain de Rovereto en novembre dernier, c’est mon amie Carlotta, directrice du Centre d’art de la Villa Cernigliaro qui s’est rendue à Rovereto pour rendre hommage à cette grande dame pour laquelle j’ai un respect infini et qui m’incite à lutter avec plus de vigueur encore pour les externités créatrices que sont les femmes.
Anne-Catherine Caron, Paris, décembre 2011
Vernissage de l'exposition de la Donation Mirella Bentivoglio au Musée d'Art Moderne et Contemporain de Rovereto en Italie, le 18 novembre 2011 en présence de l'artiste. Archives Carlotta Cernigiaro.
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